jeudi 10 septembre 2015

Conditions de travail dans notre entreprise : Le point de vue des médecins du travail


Chaque année, les médecins du travail de la MSA qui interviennent sur chacun de nos trois départements transmettent au CHSCT un rapport d’activité qui, pour l’année 2014, a été remis le 16 juin dernier. Nous vous en reproduisons ci-dessous la partie finale qui traite de leurs visites:


« Observations et synthèse générale

Lors des visites est aussi remonté l'envahissement grandissant de la charge administrative sur la journée de travail. Plusieurs facteurs entrent en jeu : la diminution ou la disparition de l'assistance, les évolutions concernant la règlementation, les obligations légales qui augmentent en parallèle.

 Compte tenu de la demande de temps commercial et de la nécessité d'atteindre des objectifs quantitatifs qui s'accroissent, les salariés rapportent de façon très régulière voire quotidienne une augmentation du volume horaire de leurs journées de travail, en arrivant plus tôt le matin, en raccourcissant la pause du midi, et en finissant plus tard le soir.

Il s’avère que malgré les recommandations diffusées par notes internes du service RH, les heures supplémentaires ainsi effectuées ne soient ni comptabilisées ni rémunérées, en vertu de « traditions » internes imposées et validées tacitement par les directeurs d’agences, et propres au Crédit Agricole. L'impact de cette situation sur l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale, et à moyen terme sur l'état de santé, doit être mesuré par l'entreprise. »

Depuis de nombreuses années, la CGT comme d’autres organisations syndicales, dans l’ensemble des instances représentatives du personnel, dénonce la surcharge de travail, les heures supplémentaires faites (et non payées) et la lassitude des salariés concernés. A chaque fois, la direction de l’entreprise ne nous répond que par le déni (« Il n’y a que de petits dépassements ponctuels. Cela fait partie du métier commercial, nous ne sommes pas des fonctionnaires. Vous êtes mal organisés. Etc… »)

La position courageuse prise par les médecins du travail reflète une vérité qui dérange.
Elle dérange d’autant plus qu’elle est « propre au Crédit Agricole ». Cela ne veut pas dire que cela n’existe pas ailleurs mais de façon moins systématique ou avec reconnaissance et paiement des heures effectuées.
Officiellement, selon le bilan social, sur l’ensemble de l’année 2014, seules 26 personnes ont eu des heures supplémentaires payées (dont seulement 9 personnes dans le réseau).

En 2014, il y a eu 8 licenciements pour inaptitude. Cela ne s’ébruite pas mais, aujourd’hui, de plus en plus de collègues « craquent ». Tant sur les sites qu’en agence. Sur les sites, dans les services de production, les chantiers « d’excellence opérationnelle » ont fait leur œuvre. Les tâches ont été analysées, minutées et les effectifs réduits.
En agence, là aussi les effectifs ont été réduits. Les métiers d’assistance ont disparu. L’exigence de qualité demandée aux conseillers n’a pas été compensée par une baisse des objectifs, loin de là. Entre 2007 et 2014, les effectifs CDI ont diminué de 145 personnes. Le nombre du personnel d’exécution diminue plus rapidement encore au profit de chargés de mission ou de projets (qui parfois se percutent), peut être utiles mais évidement pas opérationnels au service des clients.

La mise en place du projet BPH va encore déséquilibrer le réseau de proximité (moins 50 personnes) et déstabiliser les collègues, notamment les Conseillers Particuliers.

Selon la loi, le Directeur de l’entreprise est responsable de la santé de ses salariés.
La dernière phrase du rapport des médecins du travail est très claire. Elle invite la direction à agir dès maintenant, et à prendre, réellement, la « mesure » de cette situation qui peut devenir dangereuse pour l’état de santé des salariés.

Cela passe par une reconnaissance effective des heures supplémentaires et de leur paiement.

Cela passe surtout par l’arrêt de la baisse des effectifs globaux, voir par une augmentation de ceux-ci,  par une réallocation des moyens vers les services de production et dans les agences et, peut être par le report de certains projets plutôt mineurs, qui n’ont parfois comme but que de valoriser tel ou tel, ou de produire des beaux tableaux EXCEL, pleins de couleurs (généralement à but de contrôle), mais dont la valeur ajoutée réelle est nulle.

Monsieur le Directeur, la santé des salariés n’a pas de prix. Agissez pour qu’elle n’ait pas un coût social.